Histoire de courage et d’ancêtres
Aujourd’hui marque le 102ème anniversaire du décès de mon arrière-grand-père, Wilfrid Aubin. Je me demandais comment souligner cette date et j’ai senti qu’il m’invitait à parler de lui ici.
Faut dire que dans la dernière année j’ai beaucoup travaillé avec lui. J’aime énormément fouiner dans la généalogie mais ce qui me fascine encore plus c’est de découvrir l’histoire de ces ancêtres.
Avec Wilfrid je suis gâtée parce que plusieurs de ses descendants ont déposé par écrit des pans de son histoire pas comme les autres. Ça me permet d’essayer de mieux comprendre les choix de vie qu’il a fait et de tenter de m’imaginer qui il était.
Certaines de ses décisions et gestes de patriarche me semblent injustes et étranges. Toutefois, en découvrant une nouvelle version d’un épisode perturbant de son enfance (que je connaissais déjà), je me suis mise à le voir d’un œil beaucoup plus bienveillant.
Je te sauve les détails mais disons que c’est l’épopée de deux jeunes garçons (10 et 12 ans) qui sont abandonnés dans la forêt laurentienne en début d’hiver par leur père. Il semblerait que ce dernier ne savait pas comment gérer autrement la discorde qu’il y avait entre ces deux plus vieux de la famille et leur nouvelle belle-mère.
Grâce au courage de ces garçons et au leadership de Wilfrid (12 ans), après trois jours de marche en forêt dans la neige épaisse, les enfants finirent par trouver un camp de bucherons qui les hébergèrent pour le restant de l’hiver.
À leur demande, les deux garçons ne retourneront pas à la maison familiale. Ils seront accueillis chez les Pères de Ste-Croix où, en échange de leur main d’oeuvre, ils auront accès à une base d’éducation catholique et d’apprentissage manuel.
À 14 ans Wilfrid remontera dans les Laurentides et s’installera à St-Donat (qui n’était pas encore un village) et y passera toute sa vie.
En juin de cette année, alors que j’étais dans une situation qui me mettait en alerte, j’ai reçu la visite de cet ancêtre dont la voix a traversé le voile pour me dire ceci :
« Avance. Même quand le chemin n’est pas clair et est ardu. Si on n’avait pas marché, on serait mort et tu ne serais pas sur Terre. Avance, même si ça semble risqué. Rester sur place est pire en ce moment. »
Je savais / sentais qu’il faisait référence à ce moment en forêt où, constatant que leur père ne reviendrait pas les chercher et qu’ils n’avaient plus de nourriture, ils ont pris leur courage à deux mains et sont partis dans la forêt, essayant de trouver leur chemin. Oui ils se sont perdus en route, mais c’est aussi ce « mauvais » chemin qui les a guidés vers le camp de bucherons, puis vers les Pères.
Sa visite et son message m’ont inspiré et continuent de le faire.
J’ai rajouté dans mon bagage une dose supplémentaire de courage, un rappel de prendre certains risques et une ou deux pincée de plaisir.
Merci Wilfrid!